Je vous présente enfin cet ouvrage, j’ai mis longtemps avant de publier cet article car le livre est tellement dense qu’il est très difficile de le résumer.
Celui-ci n’est pas un roman mais un ouvrage documentaire qui va vous donner envie de revoir la façon dont vous éduquez vos enfants. Attention il n’y a ici aucun jugement, plutôt une grande bienveillance et beaucoup de liberté. Après avoir refermé ce livre vous n’aurez envie que d’une seule chose : emmener vos enfants dans la forêt et leur laisser libre cours à toutes leurs envies ou leur laisser prendre un carton et imaginer tout un univers autour.
L’introduction du livre, présentant les conditions de mise en place du protocole, est un peu longue et rébarbative, n’hésitez pas à les lire en diagonale pour en venir au coeur du sujet.
Le livre est divisé en 4 parties.
I L’intelligence plastique de l’être humain
Voici les différents points que j’ai retenus :
Céline Alvarez s’appuie sur de nombreuses études scientifiques, ce qui apporte du poids et de la crédibilité à ses arguments.
J’y ai notamment retenu que les deux premières années de la vie d’un enfant étaient essentielles car c’est « lors de cette période que l’être humain pose l’essentiel des fondations de son intelligence ».
« Grandir, c’est se spécialiser. L’adulte n’est pas moins intelligent, il est spécialisé. »
De même, un environnement aimant est nécessaire :
Il faut répondre aux besoins d’interactions de l’enfant sans le surstimuler, lui parler, le rassurer quand il est stressé afin que les hormones du stress n’endommagent pas son petit cerveau immature.
L’enfant de moins de deux ans a besoin d’interactions simples : parler pendant le moment du bain, nommer les objets qu’il pointe du doigt… Il a besoin de lien humain.
De même, pour l’apprentissage, il faut que l’enfant soit actif afin de mémoriser ce qu’il fait : plus il y a de curiosité plus la mémoire est active. Donc quand la demande bien de lui n’hésitez pas à y répondre, et ne le laissez pas faire seul ses découvertes :
L’être humain n’est pas prédisposé à apprendre seul, sans aucune aide. C’est là tout le paradoxe : le jeune être humain doit apprendre par lui-même, mais avec l’aide de l’autre.
Pour transmettre un apprentissage à un bébé, il faut le regarder dans les yeux et pointer du doigt les objets.
II L’aide didactique
Pour affiner les perceptions sensorielles de l’enfants, 3 temps sont à respecter pour permettre à l’enfant de mémoriser des nouveaux mots : nommer / montrer / identifier.
Il faut respecter les objectifs que que les enfants se fixent même s’ils semblent exagérés car il est important de le laisser aller au bout de son ambition quand il insiste autant.
Concernant la lecture et l’écriture, il est normal que l’enfant écrive en miroir, de droite à gauche : pour leur cerveau il s’agit encore exactement de la même chose.
III Soutenir le développement des compétences-socles de l’intelligence
Il faut savoir reconnaître les périodes fondatrices marquées par :
l’intérêt marqué du jeune enfant pour un élément ou une activité, ainsi que la rapidité et la facilité d’apprentissage qu’il manifeste.Ainsi, lorsque nous le voyons très attentif, très rapide dans son apprentissage, il est fort probable qu’il traverse une période de création d’un potentiel latent et que celui-ci demande à être nourri.
Les compétences exécutives, quant à elles, sont celles qui permettent à l’être humain d’être autonome. Lorsqu’elles se développent, l’enfant est poussé à agir par lui-même pour les exercer.
Il repousse alors fermement notre aide, d’abord avec sa main lorsqu’il ne peut pas encore parler, puis, lorsqu’il peut le faire, il ordonne avec assurance « Moi tout seul ». Si nous savons respecter ce besoin, et que nous aidons l’enfant à faire seul au quotidien dès le plus jeune âge, il développera alors naturellement ces fonctions essentielles.
De même il faut favoriser l’autonomie au quotidien. Il est important de ne pas interrompre un enfant qui fait -parfois pour la dixième fois – son activité : laver la table, déboutonner le même bouton,… Car ce qui le mobilise ce n’est pas la finalité mais toute l’activité en elle-même qui lui permet d’exercer son intelligence exécutive en pleine formation.
Les activités quotidiennes sont valorisées :
- les objets mis à disposition des enfants sont cassables ce qui oblige à davantage contrôler leurs gestes.
- le matériel était esthétique pour attirer leur attention et leur volonté d’en prendre soin
- les enfants avaient à leur disposition des chiffons pour faire la poussière, un plateau pour prendre soin des plantes…
- il faut les laisser manipuler de vrais objets, qui les fascinent (cadenas avec clés, écrou, bouteilles à refermer) plutôt que des jouets en plastique dont ils se lassent vite.
IV Le secret c’est l’amour
Je dois avouer que ce dernier chapitre commence à la page 350 donc je l’ai simplement survolé car je n’en pouvais plus ! Il y est notamment expliqué l’importance de la « reliance« . Il s’agit de se relier aux enfants par une posture bienveillante et accueillante. En effet, quand nous faisons preuve de générosité, d’altruisme, de confiance envers les autres, notre cerveau nous récompense en libérant de la dopamine.
Un passage m’a plu tout particulièrement, il concerne le fait que les enfants ont besoin de notre regard pour se construire :
« Regarde maman ! Regarde, je tiens debout sur le tronc d’arbre ! » Mais il est important, afin de pas les rendre dépendants de notre jugement, que ce regard reste un « J’ai vu ! » plutôt qu’un « Je valide. »
Ainsi, au lieu de dire « C’est bien », ce qui rend les enfants dépendants, mieux vaut décrire l’action qu’ils viennent d’accomplir en ajoutant par exemple : « Je vois que tu es content et moi je suis content pour toi. »
Mon avis
Je vous recommande cet ouvrage qui vous donnera envie de modifier plusieurs habitudes prises avec les enfants, mais vous verrez que ce qui est présenté est finalement beaucoup plus simple que ce que l’on imagine. Il faut s’appuyer sur les initiatives et les envies de l’enfant, et tout se déroulera plus aisément.
Je pense que vous n’aurez plus du tout envie de confier une tablette à vos enfants, ou de les mettre devant les dessins animés quand vous verrez à quel point cela restreint leurs capacités
La lecture est fluide mais il faut avoir l’esprit disponible et l’envie de se pencher sur la question. Néanmoins on peut avoir l’impression d’être nulle à côté de Céline Alvarez qui fait preuve d’autant de patience et de bienveillance avec des dizaines d’enfants tandis que nous avons du mal à le faire avec deux. Cela peut paraître un peu trop parfait pour être envisageable. A vous d’essayer !
Commentaires
Anne
Merci pour cet article qui a du te prendre du temps et sur un sujet qui me tient énormément à coeur :) Comme j'ai déjà […] Lire la suiteMerci pour cet article qui a du te prendre du temps et sur un sujet qui me tient énormément à coeur :) Comme j'ai déjà eu l'occasion de te le dire, au début de ma première grossesse je me suis intéressée aux livres d'Isabelle Filliozat et aux principes de l'éducation bienveillante. J'essaye de m'en inspirer mais je n'arrive pas à tout appliquer. D'ailleurs, je trouve ces livres à la limite de la culpabilité, mais comme les mères parfaites n'existent pas, j'essaye d'en prendre les principes que j'estime applicables et je fais au mieux. Par ailleurs, à l'époque, une émission des maternelles avait fait son sujet sur les écrans et les enfants, j'avais été totalement convaincue par les propos tenus par le pédopsy et les études faites à ce sujet, donc nos enfants ne regardent que très très rarement la télévision à la maison (mon grand la regarde un peu à l'école, plus un petit dessin-animé à la maison de temps en temps, ça lui permet de ne pas être déconnecté des conversations). De ce fait, ils la réclament peu voire pas du tout. Tout cela pour dire que je reprends de temps en temps les livres d'Isabelle Filliozat, j'en relie les grands principes et je repars pour quelques mois, en essayant surtout d'être en adéquation avec moi-même :) Lire moins